PREMIER SOMMET ASIE-JAPON SUR LE " BIEN VIEILLIR"

Tokyo

Le 4 octobre 2018

   

Le 9 octobre 2018 s’est tenu à Tokyo le premier sommet Asie-Japon sur le « bien-vieillir », visant à encourager les investissements et la R&D dans le domaine de la santé au Japon, et à faire émaner des coopérations internationales, institutionnelles et privées, sur les solutions innovantes permettant de prévenir, guérir et aider à mieux vivre les personnes âgées. Les solutions présentées insistaient sur la nécessaire création d’un système de partage global des données et sur l’utilisation des nouvelles technologies (IA, NTIC, etc.).

Le vieillissement de la population est un défi majeur pour la société japonaise, confrontée à un choc démographique dont les conséquences juridiques, sociales et économiques sont sans précédent. Dans ce contexte, le secteur médical sera le plus impacté. Il devra faire face à la hausse des dépenses médicales (et aux contraintes budgétaires du secteur public), aux disparités régionales en matière de qualité des services médicaux, au développement des maladies liées au mode de vie ou à la démence sénile, enfin à une demande croissante de soins gériatriques.

D’une ampleur exceptionnelle, ce vieillissement s’explique par une espérance de vie élevée couplée à un taux de natalité très bas, et une immigration très faible. Société la plus vieillissante au monde, le Japon pourrait perdre un tiers de sa population en âge de travailler d’ici 2040, soit 28 millions de personnes et 80 millions d’habitants au total d’ici 100 ans. En 2017, 35,5 millions de la population avaient plus de 65 ans, soit 27% de la population (contre 17,8% en France). L’archipel apparaît comme un laboratoire de ce qui attend la majorité des sociétés développées, voire en développement. 

En comparant les enjeux socio-culturels induits par le vieillissement au Japon, ainsi qu’en Finlande, à Singapour et aux Etats-Unis notamment, le « 1st Well Aging Society Summit Asia-Japan », organisé par le METI, s’est proposé d’amorcer une réflexion sur les lieux du vieillissement et le rôle croissant des innovations technologiques. Le développement de la robotique pourrait apporter une aide aux personnes âgées. Le développement permanent de nouvelles solutions thérapeutiques doit aussi être encouragé pour répondre à ces bouleversements systémiques et assurer une qualité de vie décente aux personnes âgées.

A l’aune de ces réflexions, le sommet international a fait intervenir divers acteurs incluant des grands groupes, des start-ups, des investisseurs et un organisme gouvernemental. Ces regards croisés ont permis d’amorcer des discussions sur les efforts conjoints à mener en vue d’élaborer des solutions communes.

Le constat qui ressort de ces interventions est net : face au phénomène du vieillissement accéléré de la population - préjudiciable aussi bien à l’économie qu’au marché du travail et à la santé publique – la mise en place d’un partage global des données apparaît de plus en plus nécessaire. Cela supposerait une réforme des cadres législatifs existants en la matière (une harmonisation à l’échelle globale pouvant néanmoins s’avérer particulièrement complexe). Partant du constat que le morcellement des informations et des données médicales est un frein majeur à l’amélioration de l’efficacité des traitements et à la prise en charge rapide des malades, le « data sharing », particulièrement dans le domaine des maladies chroniques, du déclin cognitif et de la démence, pourrait participer largement à une meilleure performance des services dans le domaine médical.

Le développement d’outils électroniques et de solutions dites « intelligentes », au service d’un vieillissement « sain », nécessite donc de repenser le paradigme du vieillissement. Il devient urgent de penser la vieillesse de façon disruptive, et de placer l’innovation au cœur des réflexions.

Au gré des interventions durant le sommet, plusieurs propositions innovantes, déjà existantes ou en devenir, ont émergé : par exemple, le développement intensif du machine learning et de la robotique au service de la télémédecine. En d’autres termes, la généralisation d’outils électroniques, disponibles sur tablettes ou smartphones, permettrait aux patients et aux familles de s’informer sur le système de santé et de parcourir la base de données, avec en ligne de mire une volonté d’efficacité préventive, de potentiel autodiagnostic et d’auto-traitement.

Vivre mieux, plus longtemps, en ayant de moins en moins recours aux infrastructures de santé, afin d’améliorer les performances du système global de santé : telle est la finalité, à terme, des réflexions, laquelle ne pouvant se réaliser sans passer par une autonomisation accrue des patients. Comme l’a souligné John D. Halamka, Professeur à la Harvard Medical School, l’avenir de la santé semble donc moins se situer dans les hôpitaux qu’à la maison et sur les smartphones.

Bien que le vieillissement des populations soit bien plus marqué au Japon qu’en Europe, la France est aussi concernée. La part des personnes âgées de 65 ans ou plus y est passée de 13,9% en 1990 à 18,8% en 2016. La prise en charge des personnes âgées est donc un enjeu majeur en France, ce qui rend la nécessité qu’a le pays de se positionner sur les sujets innovants – machine learning, robotique – en la matière particulièrement pressante, d’autant plus que ces réflexions ont depuis longtemps commencé à mûrir au Japon, dans d’autres pays d’Asie ainsi qu’aux Etats-Unis.

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