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 Crédit photo: GATAG

 

Les actifs financiers des ménages japonais représentent 330% du PIB du pays dont la caractéristique repose sur le poids important des dépôts au détriment des actifs plus risqués. Les politiques mises en œuvre par les différents gouvernements, plus particulièrement par l’actuel gouvernement, ont peu contribué à orienter les ménages japonais à investir sur des supports plus risqués. Le vieillissement creuse les inégalités entre générations et contribue à la baisse du taux d’épargne. 

 

1. Le total des actifs financiers des ménages représente 330% du PIB du Japon.
Le montant des actifs financiers détenus par les ménages japonais est évalué à près de 14 600 Mds d’euros (1 750 000 Mds de yens ), soit 330% du PIB en septembre 2016. Selon les données de la compagnie d’assurance Allianz , le volume des actifs financiers des ménages japonais est de ce fait évalué à 9,4% des actifs financiers bruts détenus par les ménages dans le monde.
La structure des actifs financiers des ménages japonais se caractérise par un poids important des dépôts qui représentent plus de 50% de leurs actifs contre 14% de ceux des ménages américains et 35% de ceux des ménages de la zone euro (cf graphe 2). L’épargne des ménages japonais est traditionnellement dirigée vers des actifs liquides et réputés sûrs au détriment d’actifs en actions (y compris financement en capital) et en fonds mutuels de placement (15% au Japon contre 46% aux Etats Unis). Les raisons de cette préférence pour la liquidité sont multiples : (i) une performance médiocre des marchés financiers et immobiliers au cours des années 90 (baisse de 50% de l’indice boursier Nikkei de 1990 à 2000, baisse de 50% de la valeur des terrains sur de 1990 à 2005) ; (ii) l’existence de dispositifs fiscaux avantageux pour les dépôts  ; (iii)  une longue période de déflation quasi-ininterrompue (1998-2012), qui compensait la faiblesse de rendement nominaux.

 

Composition du portefeuille d’actifs financiers des ménages japonais, américains et européens (données de sept 2016 à l’exception de la zone euro (juin 2016) – sources : Banque du Japon)

Composition du portefeuille d’actifs financiers des ménages japonais

 

 

2. Les Abenomics n’ont eu qu’un impact limité sur la diversification du portefeuille d’actifs des ménages japonais. La hausse de la part des actifs risqués dans leur portefeuille tend à s’essouffler alors que les dépôts attirent toujours des flux d’actifs en dépit des taux peu attractifs.

Evolution des actifs financiers des ménages de septembre 2013 à septembre 2016
(Source : Banque du Japon et Mitsui Sumitomo Trust & Banking – en ‘000 Mds de yens)

évolution des actifs des ménages

 

3. Une baisse continue du taux d’épargne des ménages et le choc du taux négatif enregistré au cours de l’exercice fiscal 2013.

Le taux d’épargne des ménages japonais enregistre une baisse continue de son niveau depuis le début des années 2000 après avoir connu des niveaux de 15% dans les années 80. L’exercice fiscal 2013 (clos en fin mars 2014) a été enregistré pour la première fois depuis 1955 (date du lancement des statistiques sur l’épargne japonaise) un taux d’épargne négative. Certes les analystes financiers considèrent que ce taux négatif est imputable à des facteurs spécifiques et temporaires (achats anticipés liés ayant précédé la hausse de la TVA en avril 2014) son niveau ne devrait pas recouvrer les niveaux constatés dans les années 80. La stagnation du taux d’épargne est due à :

  • L’accélération du vieillissement de la population (30% de la population devrait avoir au moins 65 ans d’ici 2020) devrait augmenter la part des seniors faisant appel à leur épargne. Les données statistiques du Somusho (Ministère des Affaires Intérieures - MIC) précisent que le ratio d’épargne des foyers, dont le chef de foyer est âgé d’au moins 60 ans (i) tend à s’éroder fortement depuis les années 2000 pour les foyers actifs (ii) et négatif dont la tendance est une aggravation (-35% en 2015) pour les foyers inactifs (graphes 6);
  • Une part de plus en plus importante de foyers japonais ne disposant d’aucun actif financier (près de 40% des mono-foyers et 30% des foyers composés d’au moins 2 personnes) : la part des foyers d’au moins 2 personnes ne disposant d’aucun actif est de 41% pour la tranche d’âge 20 – 29 ans, 34% pour la tranche 30- 39 ans et 31% pour les foyers composés d’un chef de foyer d’au moins 70 ans ;
  • Une stagnation sur le long terme du niveau des revenus des ménages (graphes 7 et 8): selon la banque de gestion de patrimoine Mitsui Sumitomo Trust, les ménages japonais ont perdu en 15 ans environ 320 euros en revenu réel et 370 euros de revenu disponible. Cette tendance est notamment accentuée par (i) le développement du travail non régulier (plus de 1/3 des emplois) dont la rémunération représente moins de 40% de celle des travailleurs réguliers (cf étude statistique 2013 de la rémunération du secteur privé publiée par la National Tax Agency) (ii) un rythme de progression moins rapide de la rémunération des salariés réguliers basée sur une évolution des grilles de salaires moins avantageuse que leurs ainés.  

 

Evolution du taux d’épargne des ménages japonais (année fiscale - source : Daiwa)

évolution taux d'épargne

 

 

évolution du taux d'épargne selon l'âge 

 

Décomposition des facteurs contribuant à l’évolution de l’épargne (données comparées à 1998 – source : Nomura)

décomposition des facteurs

 

Encours moyen et répartition par tranche d’âge de l’épargne (foyer d’au moins 2 personnes 2015 – source : MIC)

Encours moyen et répartition par tranche d’âge