Trésor-Info - Publications de la direction générale du Trésor - TresorInternationalFlux de publication de la direction générale du Trésor - TresorInternationalFluxArticlesTag-TresorInternationalCopyright 20242022-03-29T00:00:00+02:00/favicon.pngDirection générale du Trésorhttps://localhost/sitepublic/contact@dgtresor.gouv.fr2785964d-b71d-4916-9a2f-ec491c1fb9c7L'Australie, un nouveau leader mondial sur le secteur des terres rares ?Avec l’essor des marchés liés à la transition énergétique, les terres rares sont devenues stratégiques. Aujourd’hui, la Chine représente près de 80% de la production mondiale de terres rares et concentre la majorité des usines de traitement et de séparation. Mais, en 10 ans, et alors que de nombreux sites restent encore inexploités ou inexplorés, l’Australie s’est élevée au rang de 2e producteur mondial. 2022-03-29T00:00:00+02:00<p>Face à une croissance attendue de la demande, le secteur minier australien cherche à accélérer la production et à développer des capacités de traitement. Il bénéficie du soutien tant du gouvernement fédéral que des Etats fédérés, avec comme objectif de positionner l’Australie au centre des chaînes de valeur mondiales.</p>
<p> </p>
<p><strong>1. Les terres rares : définition et usages</strong></p>
<p> </p>
<p>Les terres rares regroupent 17 métaux divisés en deux catégories : les terres rares dites légères, les plus abondantes, et les terres dites lourdes, les moins abondantes. Elles sont largement répandues, mais souvent difficilement exploitables, soit que les gisements sont peu accessibles, soit que leur niveau de concentration est insuffisant (les terres rares nécessitent en effet des procédés complexes de séparation et de traitement pour pouvoir être exploités), d'où leur appellation. </p>
<p> </p>
<p>Les terres rares sont utilisées notamment dans la fabrication de technologies de pointe pour les biens de consommation courante (puces de smartphone, écrans LCD...), l'industrie de la défense (radars et sonars) et l'économie verte (éoliennes off-shore, électrolyseurs hydrogène, LED...).</p>
<p> </p>
<p>Les terres rares sont ainsi devenues stratégiques pour l'économie mondiale et ce d'autant qu'un nombre croissant de pays s'est engagé dans une stratégie de réduction des émissions de CO<sub>2</sub> et dans la transition énergétique. A cet égard, avec les dernières déclarations américaines sur la transition énergétique et l'essor des technologies bas carbone, la demande en terres rares devrait fortement augmenter dans les années à venir.</p>
<p> </p>
<p><strong>2. D'ores et déjà 2<sup>e</sup> producteur mondial de terres rares, l'Australie dispose de plusieurs gisements en cours de développement</strong></p>
<p> </p>
<p>Alors que 80% du pays n'ont pas encore été prospectés, l'Australie est aujourd'hui le 6e pays en termes de réserves de terres rares (3%), derrière la Chine (38%), le Brésil, le Vietnam, la Russie et l'Inde mais devant les Etats-Unis et la Malaisie. En décembre 2018, les réserves étaient de 2,84 Mt, en augmentation de 36% par rapport à 2017. Elle est par ailleurs le 2<sup>e</sup> producteur mondial (12% de la production mondiale) loin derrière la Chine (77%) mais devant les Etats-Unis (7%). Entre 2013 et 2018, la production australienne a été multipliée par 17, passant d'un peu plus de 1000 t à 19 000 t par an. </p>
<p> </p>
<p>L'essentiel de la production australienne relève aujourd'hui de l'entreprise minière Lynas (1<sup>er</sup> sur le marché mondial hors Chine). La minière bénéficie, de longue date, d'un soutien financier du gouvernement japonais (JOGMEC), soucieux de diversifier ses approvisionnements en terres rares, à la suite de tensions avec la Chine en 2010. Elle exploite, depuis 2011, la mine de Mt Weld, dans le Western Australia, qui dispose d'une réserve de 1,6 million de tonnes de terres rares. Depuis 2012, Lynas détient également une raffinerie à Kuantan en Malaisie, dans laquelle sont séparés et traités les concentrés d'oxydes de terres rares produits par la mine de Mt Weld. Lynas a par ailleurs annoncé, en 2019, la construction d'une nouvelle unité de prétraitement à Kalgoorlie, dans le Western Australia, qui devrait être opérationnelle courant 2023. Les terres rares y seront semi-transformées avant d'être envoyées vers sa raffinerie en Malaisie. Pour financer cette usine de prétraitement, Lyna a lancé, en août 2020, une levée de fonds de 276M€ en Australie. Enfin, l'entreprise est financée par le gouvernement américain (ministère de la Défense) pour construire au Texas une autre usine de traitement qui pourrait produire jusqu'à 5000 tonnes de terres rares par an.</p>
<p> </p>
<p>Outre Lynas, Iluka produit depuis avril 2020 un concentré de 20% de monazite dans sa mine de Eneabba dans le Western Australia d’une capacité de 827 kt de minerai par an) et prévoit de produire d’ici 2025 un concentré de 90% de zircon et terres rares grâce à un investissement de 22,6M€. L’entreprise détient également Wimmera dans le Victoria, un gisement d’une capacité de 10Mt de minerai par an pouvant produire 192kt/an de métaux exploitables (dont des terres rares). Ce dernier projet n’est encore qu’au stade de l’étude de préfaisabilité.</p>
<p> </p>
<p>Dans un contexte de hausse de la demande, plusieurs entreprises minières cherchent également à exploiter des gisements de terres rares. Les principaux projets en cours sont : la mine de Browns Range, projet pilote porté par Northern Minerals, d’une capacité de 585 kt de minerai par an (dont des terres rares lourdes) ; Dubbo, détenue par Alkane Ressources, d’une capacité de 1 Mt ; Nolans d’Arafura Ressources, d’une capacité de 13,4 kt par an ; Yangibana de Hastings Technology Metals, d’une capacité de 3,4 kt par an.</p>
<p> </p>
<p>Leur réalisation est toutefois ralentie par des obstacles liés aux coûts – en particulier de construction d’unités de traitement et de développement des compétences-, aux risques techniques à la disponibilité des ressources en eau et à la volatilité des prix (les quotas de production et d’importation imposés par la Chine, 1<sup>er</sup> importateur et consommateur de terres rares, influent en effet sur les prix).</p>
<p> </p>
<p>Les entreprises australiennes sont ainsi activement à la recherche d’investissements pour développer et lancer l’exploitation de leur gisement et tentent de conclure des contrats dits d’offtake (approvisionnement des utilisateurs finaux) pour attirer les investisseurs.</p>
<p> </p>
<p><strong>3. Le gouvernement fédéral et les Etats fédérés ont adopté des stratégies fortes en soutien de la filière avec comme objectif de créer des chaînes de valeur en Australie</strong></p>
<p> </p>
<p>En 2019, le gouvernement fédéral a lancé l’Australia’s critical minerals strategy qui a pour objectifs :</p>
<ul>
<li>D’attirer les investissements ;</li>
<li>De soutenir l’innovation afin de réduire les coûts d’extraction et l’impact environnemental des procédés de séparation des métaux ;</li>
<li>De développer et améliorer les infrastructures. Chaque Etat fédéré a en outre adopté sa propre stratégie afin de développer la production de métaux critiques sur son territoire.</li>
</ul>
<p> </p>
<p>Par la suite, dans le cadre de la Modern Manufacturing Strategy – dotée d’une enveloppe de près d’1 Md€ - une feuille de route a été publiée, en mars 2020, pour faire de l’Australie l’un des premiers fournisseurs mondiaux de métaux critiques pour les intrants industriels et l’un des pivots des chaînes de valeur internationales.</p>
<p> </p>
<p>Le gouvernement entend ainsi développer des capacités de traitement des métaux critiques sur le territoire australien afin de générer plus de valeur et créer une industrie nationale indépendante, notamment dans les secteurs de la défense, de l’espace et des technologies médicales, et accroître les exportations australiennes vers des pays qui cherchent à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement.</p>
<p> </p>
<p>Pour réaliser cette ambition, le gouvernement prévoit notamment de conclure des partenariats internationaux, qui viseront à encourager les contrats offtake de long terme avec des promoteurs australiens, à créer des chaînes de valeur intégrées et développer des standards internationaux garantissant des règles du jeu équitables pour les producteurs australiens.</p>
<p> </p>
<p><em>Rédacteur : Pauline Girot de Langlade, SER de Canberra</em></p>c91eb70b-104e-47e8-8968-0d8b05244097Enjeux économiques pour la France en IndonésieLa direction générale du Trésor a réalisé en 2021 une revue stratégique des enjeux économiques pour la France en Indonésie, pays majeur de la région ASEAN, où notre présence est encore insuffisante au regard du potentiel de la relation économique bilatérale et de l’importance de ce pays.2022-03-01T00:00:00+01:00<blockquote>
<p align="left">La direction générale du Trésor a réalisé en 2021 une revue stratégique des enjeux économiques pour la France en Indonésie, pays majeur de la région ASEAN, où notre présence est encore insuffisante au regard du potentiel de la relation économique bilatérale et de l’importance de ce pays. Ce travail de réflexion et d’analyse a été conduit avec des entreprises françaises implantées sur place et des économistes spécialisés sur la zone. Il a donné lieu à l’organisation d’un atelier en ligne le 11 février 2022 et à la publication d’une note de synthèse.</p>
</blockquote>
<h4><strong>L’Indonésie assure depuis décembre 2021 la présidence du G20 et prendra aussi celle de l’ASEAN en 2023.</strong></h4>
<p>4<sup>ème</sup> pays le plus peuplé au monde (270 M d’habitants), première population musulmane, 16<sup>ème</sup> économie mondiale (1140 Mds USD de PIB en 2019), l’Indonésie a connu une croissance économique élevée depuis la crise asiatique de 1998 et la démocratisation intervenue dans les années suivantes. Ce développement a notamment été soutenu par la forte croissance de sa population, jeune (âge médian à 28 ans) et très consommatrice de biens et services. Ce développement économique résulte également de la croissance de la demande chinoise en matières premières et d’un pilotage macroéconomique prudent (limite de déficit public inscrit dans la loi, désendettement et change flottant).</p>
<p>Pays–archipel, l’Indonésie était déjà confrontée à trois défis majeurs avant la crise sanitaire : (i) la réduction de son déficit d’infrastructures, (ii) un capital humain à renforcer (santé, éducation) et (iii) le redressement de la compétitivité de son industrie manufacturière. La crise du COVID-19 se traduit à court terme par une détérioration des indicateurs économiques. Comme ailleurs, la trajectoire économique du pays dépend largement de la mise en œuvre d’une vaccination massive de la population (l’Indonésie pourrait, de ce point de vue, être confrontée à des difficultés logistiques liées à sa géographie), ainsi que de l’évolution de facteurs macroéconomiques externes, notamment l’évolution des taux de financement et la demande de la Chine.</p>
<p>La présidence du G20 constitue une opportunité pour le pays. Jakarta est jusqu’ici restée relativement en retrait des discussions multilatérales, et devra tenir compte des tensions sino-américaines. L’Indonésie est en revanche active au niveau régional, notamment dans le cadre de l’ASEAN et plus spécifiquement récemment pour la négociation et la conclusion de l’accord commercial RCEP.</p>
<p>La France n’est pas jusqu’ici un partenaire économique de premier plan pour l’Indonésie, malgré l’importance de son marché, qui reste difficile d’accès. La relation bilatérale est par ailleurs affectée par l’irritant UE-Indonésie concernant l’huile de palme. La présidence du G20 implique de multiples échanges institutionnels en 2022 y compris des rencontres à haut niveau, et constitue une opportunité de réévaluer les enjeux économiques du pays pour la France.</p>
<h4><strong>Pour plus d’information, téléchargez <a href="https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/c91eb70b-104e-47e8-8968-0d8b05244097/files/57dfb02e-663d-4b83-935a-47329a3201ba" target="_blank" rel="noopener noreferrer">la note complète >></a></strong></h4>
<div class="focus">
<p><em>Vous avez participé à l’atelier en ligne intitulé « Enjeux économiques pour la France en Indonésie », organisé le 11 février dernier par la DG Trésor.. </em></p>
<p><em>Nous vous serions par ailleurs très reconnaissants de répondre à quelques questions sur le fond et le forme de ce webinaire, en vue d’évaluer l’adéquation de ce format à vos besoins et attente <strong>>> <a href="https://manager.e-questionnaire.com/questionnaire.asp?a=xUvZZbygip" target="_blank" rel="noopener noreferrer">le questionnaire </a></strong><br /></em></p>
<p><em>Merci par avance,</em></p>
<p><em>La direction générale du Trésor</em></p>
</div>3e929882-676a-4dd3-a576-06eb2d3c44f0L’innovation technologique a-t-elle transformé le secteur bancaire aux États-Unis ?Si l’innovation technologique touche en premier lieu les marchés du paiement, de l’épargne et du crédit, l’ensemble du secteur bancaire traverse un mouvement de modernisation qui devrait être encore renforcé par l’épidémie de Covid-19. 2021-07-01T00:00:00+02:00<p><img class="marge" title="Trésor International" src="/Articles/3e929882-676a-4dd3-a576-06eb2d3c44f0/images/c1308132-ff13-4945-ab18-0e496fe29f6f" alt="image titre publication" width="880" height="265" /> </p>
<blockquote>
<h6>Si l’innovation technologique touche en premier lieu les marchés du paiement, de l’épargne et du crédit, l’ensemble du secteur bancaire traverse un mouvement de modernisation qui devrait être encore renforcé par l’épidémie de Covid-19. Cette tendance n’a pas remis en cause la domination des grandes banques : face à elles, les <em>fintech</em> exercent une concurrence croissante, mais ciblée sur certains métiers. Bien qu’encore limitée, l’intervention des géants du numérique dans le secteur suscite l’inquiétude croissante des banques et incite l’ensemble des acteurs à adopter des stratégies partenariales. Face aux controverses sur le bénéfice social de ces évolutions, les pouvoirs publics hésitent entre régulation et soutien à l’innovation.</h6>
</blockquote>
<h5>1. Si les progrès technologiques ont contribué à moderniser l’ensemble des activités bancaires aux Etats-Unis, l’essor des <em>fintech</em> a permis une nouvelle vague d’innovations qui transforme plus spécifiquement la relation aux consommateurs</h5>
<p>Les innovations technologiques contribuent depuis plusieurs années à moderniser le secteur bancaire aux États-Unis. Trois tendances peuvent être distinguées : (i) la banque de financement et d’investissement a été transformée dans les années 2000 par la généralisation du trading à haute-fréquence, favorisée par l’augmentation de la puissance de calcul et la rapidité des communications ; (ii) la banque de détail poursuit le développement de ses canaux à distance, dont l’épidémie actuelle contribue à accélérer l’adoption, et la réduction concomitante de son maillage territorial (13 000 agences fermées depuis 2008, soit -14 %) ; (iii) la gestion des risques, en particulier l’évaluation des risques de crédit et la prévention des fraudes, se modernise grâce aux outils d’intelligence artificielle permettant d’analyser des données de plus en plus nombreuses et diverses sur leurs clients. <br />L’essor récent des <em>fintech</em> transforme la relation avec les consommateurs, en particulier dans les métiers du paiement, de l’épargne et du crédit. De nombreuses innovations se concentrent sur l’amélioration de la qualité fournie au client, sous la forme d’un service plus simple, plus rapide et plus ergonomique. Le secteur des paiements est particulièrement marqué par cette tendance, avec le développement d’acteurs qui facilitent les transferts de fonds entre particuliers (Venmo, Zelle) ou les paiements aux commerçants (Paypal, Stripe, Square). Après une forte diversification des acteurs au cours</p>
<p>de la dernière décennie, le marché des paiements est entré depuis 2019 dans une phase de consolidation (Worldpay racheté par FIS, First Data racheté par Fiserv). De même, le marché de l’épargne connaît des innovations ciblées sur la simplification des usages pour le consommateur, via la diffusion d’applications de négociation en ligne sans frais apparents (Robinhood, AmeriTrade) et de robo-advisors qui permettent de fournir des recommandations personnalisées tout en générant des économies d’échelle. Sur le marché du crédit, de nouvelles offres dématérialisées se développent sur les segments mal couverts par le secteur bancaire traditionnel, tels que les prêts aux PME (Kabbage) et aux étudiants (SoFi).</p>
<h5>2. Les innovations technologiques n’ont pas remis en cause la domination des grandes banques, mais l’arrivée des géants du numérique soulève de nouvelles inquiétudes et incite les acteurs à développer des stratégies partenariales</h5>
<p>Grâce à leurs avantages technologiques et à certaines asymétries réglementaires, les fintech ont capté des parts de marché sans pour autant remettre en cause la domination des grandes banques, qui adoptent des stratégies partenariales. Les<em> fintech</em> bénéficient d’un avantage technologique sur les banques qui peinent à moderniser leurs systèmes d’information, face aux charges très élevées de maintenance des outils existants et aux coûts croissants liés à la cyber-sécurité. La spécialisation des <em>fintech</em> leur confère en outre une plus grande réactivité face aux attentes des clients. Elles ont aussi pu profiter de contraintes réglementaires allégées, en jouant à la fois sur les différences de réglementation entre États fédérés et sur la multiplicité des agréments spécialisés.</p>
<p>Pour autant, cette concurrence ciblée n’a pas remis en cause la domination des banques américaines sur leur cœur de métier. Après avoir considéré les nouveaux entrants comme une menace, les banques ont adopté une approche plus partenariale (Zelle et sept banques américaines pour les paiements entre particuliers, plateforme de courtage E*Trade rachetée par Morgan Stanley, etc.). Bien qu’encore limitée et souvent partenariale, l’intervention des géants du numérique (<em>Big Tech</em>) dans le secteur financier suscite des inquiétudes croissantes en raison de leur force de frappe. À la différence de la Chine, les <em>Big Tech</em> américaines sont encore peu actives dans le secteur financier, qui ne représente que 11 % de leur chiffre d’affaires. Cette activité s’inscrit souvent dans une logique partenariale (Apple Card avec Goldman Sachs, comptes courants Plex de Google avec Citigroup). La priorité donnée aux paiements (Google Pay, Apple Pay, Amazon Pay) laisse penser que leur stratégie consiste moins à se substituer aux banques qu’à devenir une interface incontournable entre les banques et les consommateurs. <br />Cette perspective inquiète les banques car les <em>Big Tech</em> disposent d’atouts permettant la conquête rapide de nouveaux marchés (données abondantes sur leurs utilisateurs, liquidités massives permettant de financer des acquisitions, technologies plus modernes). Le projet de création d’une monnaie numérique (Diem, ex-Libra) par Facebook a quant à lui suscité des réactions de méfiance de la part des institutions financières américaines, qui n’ont pas adhéré au projet ou qui l’ont quitté en cours de route (Visa, Mastercard, PayPal), à la différence de grands acteurs spécialisés dans les actifs numériques (Anchorage et Coinbase) qui ont adhéré à l’association Diem.</p>
<h5>3. Face aux bénéfices controversés des progrès technologiques, les pouvoirs publics hésitent entre régulation et soutien à l’innovation</h5>
<p>Initialement perçues comme positives, les retombées économiques et sociales des innovations sont désormais remises en cause. L’arrivée d’entreprises innovantes a d’abord été perçue comme favorable à la baisse des tarifs et à une meilleure inclusion des personnes non bancarisées (5 % des ménages aux États-Unis). Cet <em>a priori</em> positif est aujourd’hui contesté, certaines études tendant à montrer (i) l’absence de baisse des tarifs, (ii) la concentration des <em>fintech</em> vers le public déjà bien équipé en services financiers, (iii) les risques liés à l’utilisation des plateformes boursières pour la volatilité des marchés et l’épargne des ménages et (iv) les enjeux de stabilité financière posés par la place croissante des institutions financières non bancaires (NBFI) dans la distribution des crédits.</p>
<p>L’atomicité des régulateurs financiers entraîne une adaptation fragmentaire de la réglementation, en particulier en matière d’actifs numériques. La proposition en 2018 par l’<em>Office of the Comptroller of the Currency</em> (OCC), régulateur des national banks, d’un nouvel agrément bancaire allégé pour les fintech a suscité une série de contentieux de la part des banques et de plusieurs États fédérés, dont l’État de New York. En juin 2021, le Congrès a abrogé une règle de l’OCC visant à faciliter les partenariats entre les banques et les <em>fintech</em> dans l’octroi des prêts. Si plusieurs acteurs financiers traditionnels ont annoncé le lancement d’opérations en actifs numériques pour les paiements (Mastercard, Visa, PayPal), l’épargne (BNY Mellon, Citigroup, State Street, Goldman Sachs) et les opérations de marché, les régulateurs avancent encore en ordre dispersé sur ce sujet : l’OCC a par exemple publié des recommandations autorisant les banques à proposer des services en crypto-monnaies, non reprises par les autres régulateurs. Les activités de marché liées aux actifs numériques suscitent des batailles de périmètre entre la <em>Securities and Exchange Commission</em> (SEC), régulateur des marchés boursiers, et la <em>Commodity Futures Trading Commission</em> (CFTC), régulateur des marchés de dérivés. Si la nomination de Gary Gensler, spécialiste de la blockchain et ancien président de la CFTC, à la tête de la SEC, pourrait contribuer à faire évoluer la réglementation des actifs numériques, l’agenda réglementaire de la SEC publié début juin ne prévoit pas d’action sur ce sujet au cours des prochains mois.</p>
<div class="focus">
<p>Face aux pressions croissantes des banques et à la volonté du camp démocrate de tourner la page de l’ère Trump, la nomination de nouveaux régulateurs par l’administration Biden pourrait favoriser la définition d’une ligne politique plus construite et plus exigeante à l’égard des innovations financières, en lien avec les objectifs de réduction des inégalités, d’accès aux services financiers et de préservation de la stabilité financière.</p>
</div>
<p><em>Rédacteur : Dominique Chaubon, antenne de New York - Service économique régional de Washington</em></p>
<h5><a title="Innovation technologie et secteur bancaire aux USA" href="https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/3e929882-676a-4dd3-a576-06eb2d3c44f0/files/7ed782a4-7fc7-4626-b994-fe5b7f0fc598" target="_blank" rel="noopener noreferrer">>> Consulter le document</a></h5>