Trésor-Info - Publications de la direction générale du Trésor - SyndicalisationFlux de publication de la direction générale du Trésor - SyndicalisationFluxArticlesTag-SyndicalisationCopyright 20242018-10-04T00:00:00+02:00/favicon.pngDirection générale du Trésorhttps://localhost/sitepublic/contact@dgtresor.gouv.frf20cb20c-f1fd-4059-8523-224fdd09b33a"Sauver l'emploi ou protéger le salarié ?" : tribune du Chef du service économique régional pour les pays nordiques parue dans les EchosLe ministre conseiller pour les affaires économiques et chef du Service économique régional pour les pays nordiques, Éric Duédal, signe une tribune dans la rubrique idées du Cercle des Échos."Comme le montre l'exemple de l’aciérie de Saint-Saulve (Nord), deux modèles d’État-providence s'opposent quand une usine risque de fermer. Celui de la France, qui vise à protéger l'emploi. Et celui des pays nordiques dont l'ambition est de protéger le salarié.Que fait l’État ? Dans les Hauts-de-France où deux candidats sont sur les rangs pour reprendre l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) menacée de fermeture avec 281 emplois à la clé, la question est une nouvelle fois d’actualité. « Que fait Bercy ?», entonnent en choeur les acteurs locaux. Il finit, par la voix de Bruno Le Maire, par soutenir le projet présenté par Altifort et qui faisait l'objet de l'appui des partenaires régionaux.La question fondamentale du rôle de l’État est ici une nouvelle fois soulevée. Mais au-delà même de2018-10-04T00:00:00+02:00<blockquote>
<p><em>Le ministre conseiller pour les affaires économiques et chef du Service économique régional pour les pays nordiques, Éric Duédal, signe une <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-187247-fermetures-dusines-sauver-lemploi-ou-proteger-le-salarie-2210499.php">tribune </a>dans la rubrique idées du Cercle des Échos.</em></p>
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<p>"Comme le montre l'exemple de l’aciérie de Saint-Saulve (Nord), deux modèles d’État-providence s'opposent quand une usine risque de fermer. Celui de la France, qui vise à protéger l'emploi. Et celui des pays nordiques dont l'ambition est de protéger le salarié.</p>
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<p>Que fait l’État ? Dans les Hauts-de-France où deux candidats sont sur les rangs pour reprendre <a href="http://www.leparisien.fr/economie/saint-saulve-un-sursis-d-un-mois-pour-l-acierie-ascoval-26-09-2018-7903389.php" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) </a> menacée de fermeture avec 281 emplois à la clé, la question est une nouvelle fois d’actualité. « Que fait Bercy ?», entonnent en choeur les acteurs locaux. Il finit, par la voix de Bruno Le Maire, par <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/feu-vert-du-gouvernement-au-projet-de-reprise-d-ascoval-par-altifort.N746494" target="_blank" rel="noopener noreferrer">soutenir le projet présenté par Altifort </a> et qui faisait l'objet de l'appui des partenaires régionaux.</p>
<p>La question fondamentale du rôle de l’État est ici une nouvelle fois soulevée. Mais au-delà même de cette interrogation il en est une autre, tout aussi essentielle et beaucoup plus pragmatique : faut-il ou non sauver les entreprises en difficulté ?</p>
<h3 class="intertitre">Sur la même ligne</h3>
<p>Ce débat n’aurait clairement pas eu lieu en Suède, pas plus que dans les autres pays de la zone nordique qui appliquent tous le même crédo : «ce sont les individus qu’il faut protéger et pas nécessairement leurs emplois». C’est une ambition commune à l’ensemble des gouvernements qui se sont succédé depuis le tournant du siècle mais plus important, c’est dans les pays nordiques une conception partagée par l’ensemble des partenaires sociaux.</p>
<p>À titre d’exemple, l’annonce de plans sociaux en Suède entraîne rarement des réactions fortes dans les médias ou sur le front syndical, même lorsque ceux-ci sont sévères comme la perte de plus de 14.000 emplois dans le dernier programme de restructuration du géant suédois Ericsson. </p>
<p>Une raison à cela : les partenaires sociaux sont collectivement d’accord sur la nécessaire adaptation de l’outil de travail. Tous estiment aujourd’hui que, dans un monde global, il ne sert à rien de mettre sous perfusion, dans l’espoir d’en prolonger la vie, une entreprise condamnée à disparaître par obsolescence ou par manque de compétitivité. Les syndicats suédois ont même, de nombreuses fois, facilité la fermeture de sites industriels dépassés par la mondialisation, avec l’appui des pouvoirs publics et des employeurs.</p>
<h3 class="intertitre">Principe de réalité</h3>
<p>Les partenaires sociaux sont responsabilisés sur les enjeux économiques. C’est ainsi que lorsque la Chine affiche dans <a href="https://www.lesechos.fr/08/03/2017/LesEchos/22399-067-ECH_industrie---l-europe-s-inquiete-des-ambitions-de-la-chine.htm">son plan Made in China 2025</a> l’ambition projetée de prendre entre 45 et 60 % du marché mondial de l’ensemble des secteurs industriels stratégiques et d’assurer sa mainmise sur au moins 80 % de son marché intérieur, ils ont conscience que ce sont leurs emplois et entreprises qui sont menacés demain. Mais demain c’est aujourd’hui et pour survivre il faut, coûte que coûte, préserver sur le sol national la <a class="LIEN_EXTERNE" title="Définition de Valeur ajoutée" href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/vernimmen/definition_valeur-ajoutee.html#xtor=SEC-3168" rel="lien_auto">valeur ajoutée</a>, l’intelligence, la recherche, les sièges sociaux.</p>
<p>L’autre solution, celle de Trump, qui est de s’engager dans une guerre commerciale avec l’Empire du Milieu n’est pas réaliste, ils le savent bien, et même si Huawei ou ZTE sont aujourd’hui sur la sellette et pourraient se voir interdire de participer aux appels d’offres sur la 5G par Stockholm, le constat est que chacun, en Europe, défend ce qui lui reste d’industrie au détriment d’une approche offensive en matière de politique commerciale communautaire.</p>
<p>Syndicats et employeurs nordiques, tous pays confondus, sont sur la même ligne, même s’il existe çà et là des différences notables. Et c’est là que le pragmatisme nordique se traduit en principe de réalité en accordant une place prioritaire à la compétitivité, à l’innovation et à la formation professionnelle.</p>
<h3 class="intertitre">Un budget dédié à la R & D élevé</h3>
<p>Pour les partenaires sociaux, en Scandinavie et en Finlande, l’innovation est la préoccupation essentielle avec, pour reprendre l’exemple suédois un budget dédié à la R & D élevé (plus de 3 % du PIB en moyenne depuis l’an 2000, soit un des niveaux les plus élevés de l’UE/OCDE). Il en va de même pour la formation professionnelle, pierre angulaire du système de reconversion des employés, notamment ceux en situation précaire.</p>
<p>C’est le fruit d’un accord pragmatique entre syndicats et employeurs. Mieux formés par les programmes de reconversion, notamment mais aussi par la formation continue, les employés s’inscrivent dans des schémas de production à plus haute valeur ajoutée que par le passé. Cela explique aussi l’absence de débat lors des délocalisations de la production industrielle. L’État n’intervient pas pour freiner la disparition d’entreprises non rentables ou de secteurs peu rentables.</p>
<p><strong>> Lire aussi :</strong> <a href="https://www.lesechos.fr/16/11/2017/lesechos.fr/030879780111_le-modele-suedois-toujours-gagnant-en-europe.htm">Le modèle suédois toujours gagnant en Europe</a></p>
<p>Il s’agit pour tous de se placer en amont des dynamiques actuelles de la mondialisation dans l’industrie et les services et d’intégrer, sur le terrain, le rôle croissant des services dans la production industrielle et dans les échanges internationaux. La clé de la compétitivité industrielle, à l’export tout particulièrement, réside dans une plus forte ouverture de l’industrie aux chaînes de valeur internationales, alliée à sa montée en gamme.</p>
<p>On constate ainsi que la forte ouverture de l’économie suédoise aux échanges est largement corrélée à sa performance économique ces dernières années. Les entreprises insérées dans les chaînes de valeur internationales sont plus productives, plus innovantes et créent plus d’emplois qualifiés."</p>
<p><em><strong>Éric Duédal</strong> est ministre conseiller pour les affaires économiques auprès l’Ambassade de France en Suède.</em></p>
<p> </p>
<p><em><img class="marge" style="margin-right: auto; margin-left: auto; display: block;" src="/Articles/f20cb20c-f1fd-4059-8523-224fdd09b33a/images/4a72022a-5dec-4028-b322-2275448beee7" alt="Illustration usine d'acier" width="778" height="519" /></em></p>
<p><em>Crédit photo zjk / Stock.Adobe.com </em></p>
</div>9954f2b9-a806-4e39-83f0-4ada9979a9f0Trésor-Economics No. 129 - Unionisation in France: paradoxes, challenges and outlookFrance is unusual in that it has one of the lowest rates of union membership in the OECD (8% in 2010) with one of the highest rates of collective bargaining coverage (93% in 2008). This paradox points up the particularity of the French model of industrial relations, where the collective bargaining extension procedure means that unions and employer associations negotiate for all sector workers rather than just their own members.Low union density in France is due to a number of factors: (i) the unions' weight in collective bargaining does not depend on how many members they have, but on their workplace election results; (ii) union membership does not give workers many rights and benefits compared with a good number of our European neighbours; and (iii) the unions are not funded mainly by member dues, but essentially by government, employers and labour-management organisations.However, France's low union density doesn't leave workers without union representation. Despite low union m2014-05-13T00:00:00+02:00<p>France is unusual in that it has one of the lowest rates of union membership in the OECD (8% in 2010) with one of the highest rates of collective bargaining coverage (93% in 2008). This paradox points up the particularity of the French model of industrial relations, where the collective bargaining extension procedure means that unions and employer associations negotiate for all sector workers rather than just their own members.</p>
<p>Low union density in France is due to a number of factors: (i) the unions' weight in collective bargaining does not depend on how many members they have, but on their workplace election results; (ii) union membership does not give workers many rights and benefits compared with a good number of our European neighbours; and (iii) the unions are not funded mainly by member dues, but essentially by government, employers and labour-management organisations.</p>
<p>However, France's low union density doesn't leave workers without union representation. Despite low union membership, French unions are firmly established in the workplace and are capable of rallying strong labour support on certain subjects.<br />Yet this situation could potentially undermine the development of labour-employer relations, whose quality is important to French economic health. In particular, unions have few jobseekers among their members and more permanent workers than staff on flexible employment contracts (essentially temporary employment and fixed-term contracts) in the low-skilled categories (manual and non-manual employees). This can skew their positions on certain issues relating to these categories.</p>
<p>Industrial relations in countries with the highest rates of union density generally run smoothly and are more conducive to negotiation, especially when it comes to structural reforms.</p>
<p>France could do well to consider and test incentives modelled on foreign approaches tailored to the historical and cultural particularities of the French union movement. This could encourage a French style of service model unionism: the unions might be prompted to develop their range of services for their members, as some have already moved to do.</p>
<p>For example, the vocational training reform, with the launch of the personal training account, could give France the opportunity to formalise the role of the unions in providing advice and guidance on the vocational training needed to secure career paths.<br />Building on recent measures to improve the system of social democracy, thinking needs to be taken forward on how to simplify and clarify union funding.</p>
<p style="text-align: center;"><img title="Trésor-Economics No. 129" src="/Articles/9954f2b9-a806-4e39-83f0-4ada9979a9f0/images/9bf71ef2-8d44-49b8-bb07-65e2630fc2a6" alt="Trésor-Economics No. 129" /></p>
<p style="text-align: center;"> </p>16421de2-2100-4105-aee9-5a1cf7cc4141Trésor-Éco n° 129 - La syndicalisation en France : paradoxes, enjeux et perspectivesLa France connaît une situation atypique : l'un des plus faibles taux de syndicalisation des pays de l'OCDE (8 % en 2010) allié à un taux de couverture conventionnelle parmi les plus élevés (93 % en 2008). Ce paradoxe apparent renvoie à la singularité du modèle français de relations professionnelles, où les organisations syndicales et patronales négocient pour l'ensemble des salariés de la branche et non pour leurs seuls adhérents, grâce à la procédure d'extension des accords collectifs.La faiblesse du taux de syndicalisation français peut s'expliquer par différents facteurs : (i) le poids des organisations syndicales salariées dans la négociation collective ne dépend pas du nombre de leurs adhérents mais de leurs résultats aux élections professionnelles, (ii) l'adhésion à un syndicat n'apporte que peu de droits et avantages spécifiques aux salariés comparativement à bon nombre de nos voisins européens et (iii) le financement des organisations syndicales ne provient pas de façon pr2014-05-13T00:00:00+02:00<p>La France connaît une situation atypique : l'un des plus faibles taux de syndicalisation des pays de l'OCDE (8 % en 2010) allié à un taux de couverture conventionnelle parmi les plus élevés (93 % en 2008). Ce paradoxe apparent renvoie à la singularité du modèle français de relations professionnelles, où les organisations syndicales et patronales négocient pour l'ensemble des salariés de la branche et non pour leurs seuls adhérents, grâce à la procédure d'extension des accords collectifs.</p>
<p>La faiblesse du taux de syndicalisation français peut s'expliquer par différents facteurs : (i) le poids des organisations syndicales salariées dans la négociation collective ne dépend pas du nombre de leurs adhérents mais de leurs résultats aux élections professionnelles, (ii) l'adhésion à un syndicat n'apporte que peu de droits et avantages spécifiques aux salariés comparativement à bon nombre de nos voisins européens et (iii) le financement des organisations syndicales ne provient pas de façon prépondérante des cotisations payées par leurs adhérents mais principalement de l'État, des employeurs et des organismes paritaires.</p>
<p>La faible syndicalisation en France ne signifie cependant pas l'absence de représentation syndicale pour les salariés : malgré son faible nombre d'adhérents, le syndicalisme français est très largement présent dans les entreprises et est capable de mobiliser fortement les salariés sur certains sujets.</p>
<p>Néanmoins, cette situation peut être préjudiciable au développement du dialogue social, dont la qualité est un facteur de bon fonctionnement de l'économie française. En particulier, les syndicats comptent parmi leurs effectifs peu de demandeurs d'emplois et davantage de salariés en CDI qu'en emploi flexible (intérim, CDD, notamment) dans les catégories peu qualifiées (ouvriers, employés), ce qui peut biaiser leur positionnement sur certaines questions touchant particulièrement ces catégories.<br />Les pays dans lesquels les taux de syndicalisation sont les plus élevés connaissent généralement un dialogue social apaisé, plus propice à un débat, notamment autour de réformes structurelles.</p>
<p>En France, des incitations pourraient être envisagées et, éventuellement, expérimentées, en s'inspirant des expériences étrangères, tout en tenant compte des particularités historico-culturelles du mouvement syndical français. Ainsi, un syndicalisme de services à la française pourrait être encouragé : les syndicats pourraient être incités à développer leur offre de services à leurs adhérents, certains s'étant d'ailleurs déjà engagés dans cette direction.</p>
<p>À titre d'illustration, la réforme de la formation professionnelle, avec la mise en place du compte personnel de formation, pourrait être l'occasion de formaliser le rôle des syndicats en matière de conseil et d’orientation pour la formation professionnelle dans le cadre de la sécurisation des parcours.</p>
<p>Enfin, dans la continuité des mesures récentes visant à améliorer le fonctionnement de la démocratie sociale, la réflexion sur le financement des syndicats doit être poursuivie, afin de le simplifier et de le clarifier.</p>
<p style="text-align: center;"><img title="Trésor-Éco n° 129" src="/Articles/16421de2-2100-4105-aee9-5a1cf7cc4141/images/0c6beda3-a572-47e6-87b9-202796249fb2" alt="Trésor-Éco n° 129" /></p>